Discours de remerciement prononcé par M. Ngô Tự Lập à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres

MONday - 28/10/2019 08:26
Discours de remerciement prononcé par M. Ngô Tự Lập à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres

Discours de remerciement prononcé par M. Ngô Tự Lập à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres

Son Excellence M. l’Ambassadeur de France au Vietnam, Nicolas Warnery

Mesdames, Messieurs, chers amis et collègues.

Je suis très honoré de recevoir cette distinction en votre présence, ici à l’Institut Français de Hanoi, dans un quartier très symbolique de la capitale vietnamienne. Je dis “symbolique”, parce que ce quartier, comme tant d’autres aspects de la société moderne du Vietnam, est un fruit de la symbiose culturelle entre le Vietnam et la France. J’ai senti les influences et les couleurs de la culture française dans ma famille dès mon enfance grâce à mon père, ancien élève d’une école française, à travers des chansons enfantines comme “Au clair de la lune” et “Il était un petit navire” dont je ne comprenais pas les paroles. Mon père, qui est devenu plus tard  commandant dans l’armée de Hochiminh et qui a combattu contre les Français pendant la première guerre d’Indochine, est un francophile toute sa vie. À la retraite, il est devenu un traducteur d’auteurs Français et Francophone, comme Françoise Sagan, René Goscinny, Jean-Jacques Sempé, et Tahar Ben Jelloun. L’amour pour la culture française que j’ai reçue de mon père, je l’ai transmise à mon fils qui, comme moi, a très tôt appris et aimé “Au clair de la lune”. Je me souviens, alors que notre famille était dans le TGV Paris – Marseille, que mon fils, qui n’avait pas encore 4 ans, a entendu une petite fille chanter la chanson. Très étonné, il m’a demandé : “Papa, même en France on connaît “Au clair de la lune”?

Comme tous les Vietnamiens, je veux dire comme tout le monde, j’aime la littérature française avec des géants comme Hugo, Verlaine, Balzac, Baudelaire et Sartre. Mais ce n’est qu’en 1995 que j’ai eu l’occasion de venir en France grâce à une bourse d’études gagnée dans un concours de traduction littéraire organisé par l’ambassade de France. C’est à l’ENS de Fontenay/St. Cloud que j’ai traduit les premiers textes français et écris mes premiers poèmes en français qui sont plus tard publiés dans le receuil « L’Univers et Moi ». Depuis lors, la littérature française fait tourjours une partie importante dans mon travail de traducteur. J’ai traduit et fait connaitre aux lecteurs vietnamiens de nombreux d’auteurs français et francophones,  comme Edmond Haraucourt, Paul Verlaine, Pierre Emmanuel, Jean-Michel Maulpoix, André Velter, Blaise Cendrars, Werner Lambersy, Guy de Maupassant, Jean-Luc Outers... J’ai aussi traduit plusieurs chefs-d’oeuvres de la chanson française. Un des premiers prix de la Fondation Phan Châu Trinh dont je suis le premier directeur a été décerné à la traduction de l’«Émile ou De l'éducation » de Jean-Jacques Rousseau.

Depuis 2016, je dirige l’Institut Francophone International. Le travail à l’IFI me laisse parfois, je veux dire souvent, épuisé mais  en même temps heureux. Avec mes collègues de l’IFI, nous avons réussi de former un centre intellectuel remarquable, nourri de l’epsrit international. Créé sur la base de l'intégration de l'Institut de la Francophonie pour l'Informatique (fondé en 1993) et du Pôle Universitaire Français à Hanoi (fondé en 2006), l'IFI est aujourd’hui l’institution de recherche et de formation universitaire inter-disciplinaire la plus internationalisée au Vietnam. C’est également un pôle académique de la Francophonie en Asie-Pacifique, où le français sert non seulement de langue éducative, mais aussi de patrimoine culturel commun aux jeunes venant d’une vingtaine de pays et où le rayonnement de la culture française crée un espace unique pour la diversité culturelle. 

Je sais bien que la distinction que je reçois aujourd’hui est trop grande au vu de mes modestes contributions au developpement de la culture de nos pays. Je comprends très bien que je n’aurai  jamais pu enrichir ces  modestes contributions sans le soutien de ma famille, de mes amis, et de mes collègues. C’est pourquoi je crois profondément que cette distinction est autant, si ce n’est pas plus, pour eux que pour moi.

Merci.


 
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